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Marie Linder, la conteuse de vin

Marie Linder, la conteuse de vin

La Valaisanne s’est inventé un métier à la hauteur de sa passion de transmettre. Elle en a même fait des spectacles.

Le grand public la connaît depuis les colonnes de « Coopération », l’hebdomadaire de la Coop, où elle tient chronique depuis des années.

Les spécialistes, eux, la croisent dans des dégustations, des jurys ou des salons où sa silhouette haute de 180 cm ne passe pas inaperçue. Marie Linder a le sourire facile, la simplicité innée et le contact agréable. Autant de qualités qui l’ont conduite s’« inventer mon propre boulot ».

De sa famille, elle a hérité le goût du vin, et la responsabilité de deux petites parcelles de vignes entre Sion et Ayent, 1600 m2 qu’elle cultive elle-même. Dans la première, héritée de son grand-père, elle a développé un espace pour les dégustations pendant le confinement, histoire d’y proposer des animations à des privés ou à des sociétés. « Mon premier travail, c’est la formation », dit-elle. Mais la quadragénaire a pris des chemins de traverse avant de trouver le fil rouge de ses multiples activités.

 

Le goût des tracteurs

Elle n’avait pas aimé le collège et c’est son goût pour la nature qui l’a poussée à suivre un double apprentissage pour obtenir un CFC d’arboricultrice et de vigneronne, puis de faire œnologie à Changins. Et le goût des machines : « J’avais envie de conduire des tracteurs avant de découvrir le vin, qui m’a fascinée. » Aujourd’hui, la voilà davantage occupée à parler de vin qu’à cultiver des plants : « J’ai aimé la vigne mais je ne pourrais plus faire 50 heures par semaine, c’est trop dur. »

Au fil des années, les occasions se sont présentées, quand elle ne les a pas inventées elle-même. Son job à « Coopération » lui assure une base financière, comme les cours qu’elle donne à l’École d’agriculture à Conthey. « Cela fait assez longtemps que je fais ça pour rencontrer aujourd’hui d’anciens élèves qui me disent que je leur ai ouvert les portes du vin, que j’ai provoqué un déclic. »

 

Vive la convivialité

Il faut dire que l’ancienne batteuse de fanfare n’a pas son pareil pour décomplexer les novices trop impressionnés par un monde qui semble opaque et complexe. « C’est sans doute ma marque de fabrique, désacraliser le vin, qu’il soit cher ou pas cher. On a le droit de ne pas aimer une bouteille même si elle a coûté 5000 francs. » Pour elle, il est parfois plus important de savoir avec qui on le partage que de regarder l’étiquette. « Boire un Château Margaux avec des gens qu’on n’aime pas n’a aucun intérêt. Le contexte est important. »

Même si ses amours restent le chasselas, le fendant et le vin jaune du Jura, l’experte en vins apprécie autant la diversité que les voyages. Elle va représenter les crus de son canton à l’étranger, à Madrid, à Séoul ou à Bordeaux. Ou des vins étrangers comme lors de huit croisières sur le Douro portugais. Elle y fait aussi de belles découvertes, comme le Xérès qui l’a fascinée lors d’un séjour en Andalousie. « Les vins oxydatifs ne laissent jamais indifférent : soit on adore, soit on déteste. »

Et puis elle aime les Riesling allemands, les Chardonnay bourguignons, les liquoreux, les Marsanne d’il y a quelques années, les grands Pinot noir, les vins traditionnels géorgiens… Et, comme elle le dit, « je préfère des vins pas toujours parfaits mais qui ont une âme plutôt que des breuvages polissés et tout propre sur eux. »

 

Du vin au théâtre

Elle parle donc de vin dans les dégustations ou les formations qu’elle organise à la demande, pour des entreprises ou des privés, dans les salons où elle confère comme à celui de Morges l’an dernier réunissant uniquement des vigneronnes. « Je n’ai jamais eu de problème en tant que femme dans ce milieu. Mais là, il y avait entre elles une ambiance, une envie d’être ensemble qui m’a touchée. » Pour elle, la différence homme-femme, si elle existe, est simple : « Les femmes sont moins influencées par le prestige de la bouteille. Elles attendent d’avoir bu avant d’aimer. »

Cette fille de peintre est amatrice d’expos et de théâtre. D’une rencontre coup de cœur avec le comédien Mathieu Bessero-Belti est né un projet un peu fou, « Bouche à Oreille », déjà présenté plus de 150 fois en Suisse et au-delà. Une douzaine d’auteurs ont été sollicités pour écrire des textes sur le vin que joue Mathieu, pendant que Marie commente sa dégustation presque comme d’habitude. « C’était l’occasion de faire se rencontrer des milieux qui se fréquentent peu, les amateurs de vins et ceux de théâtre. On l’a joué dans des lieux insolites, c’est différent, drôle et passionnant. » Une corde de plus pour cette touche-à-tout vive et charmeuse, qui aime l’eau… pour s’y tremper, et le sport pour contrebalancer les apéros.

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