Soyons juste, la Petite Arvine, l’un des cépages emblématiques du Valais, n’a pas volé « son » village de référence.
Le sous-sol de gneiss associé fréquemment à celui de granite, permet à la Petite Arvine d’exceller. Il peut aussi, par endroit, être totalement exempt de calcaire, et ce dernier minéraux peut faire son apparition à quelques pas de là en forte proportion, preuve s’il en est de la compléxité géologique alpine.
En arrivant à Fully, on reste fréquemment béat d’admiration devant le paysage qui s’offre à nos yeux. On observe les ondulations du sol, entre vallons et crêtes, et aussi les combes, dont celle dite « d’Enfer », qui est à la fois la plus connue de toutes, et aussi la plus grande. C’est un immense tube qui chute vers la vallée avec une déclivité importante. C’est surtout un piège à chaleur, qui exalte les différences des cépages, selon que le soleil frappe les ceps tôt le matin ou plus tard dans la journée.
Pour en revenir à la Petite Arvine, on ne connait pas d’équivalent à ce cépage, car on ne la rencontre qu’ici, en Valais. Mais des vignerons à la « stature » internationale, comme Angelo Gaja ou Michel Chapoutier s’y intéressent depuis nombre d’années.
Cépage complèxe à grand potentiel, la « PA » sait jouer sur tous les tableaux depuis le vin sec jusqu’au grand liquoreux, en passant par des cuvées moelleuses, toujours moins nombreuses il est vrai. C’est aussi un cépage fragile, dont les pousses cassent facilement au vent, ce qui nécessite de lui octroyer des zones relativement protégées. La Petite Arvine ne fait pas bon ménage non plus avec les résidus d’herbicides.
En cave, elle est malléable sans pour autant perdre sa typicité, à condition bien sûr de ne pas faire n’importe quoi durant la vinification et l’élevage! Le vigneron peut donc la travailler avec ou sans fermentation malolactique, l’élever en cuve où en fût de chêne.
A Fully, les vignerons sont de plus en plus nombreux à valoriser leurs cuvées du nom de la parcelle, comme le font, par exemple, Véronyc et Philippe Mettaz avec leurs cuvées « Les Mûres » et « Les Claives ».
Enfin, quand on parle de typicité de la Petite Arvine, il faut évoquer son fruité, souvent dominé par des notes d’agrumes, mais aussi de rhubarbe et aussi de fleurs, dont la glycine. En bouche, outre une belle colonne vertébrale acide, qui apporte un dynamisme remarquable au vin, la touche minérale saline, qui peut être très présente finale, est propre au cépage. Cette salinité apporte une signature gustative aussi rare qu’exceptionnelle.
Le « débat » sur le vieillissement des vins de Petite Arvine est sans fin. Si certains préfèrent son fruité dans sa jeunesse, d’autres apprécient sa prise de « cheveux blancs ». A vous de choisir !
Tous les deux ans, les vignerons de la commune de Fully se rassemblent lors du 3e week-end du mois de novembre, pour fêter leur cépage. A «Arvine en Capitale » ce sera l’occasion de venir découvrir les vignerons et les vins de Petite Arvine, et donc aussi les terroirs de la commune.
A propos de l’auteur Laurent Probst
Chroniqueur créateur du blog Vins Confédérés en 2007, Laurent Probst, infirmier de formation, a commencé à écrire sur le monde du vin suisse dès le 1er forum francophone spécialisé sur le monde du vin dans les années nonante. Depuis 2011, il est membre de la Fédération internationale des Journalistes et Ecrivains du Vin. En 2014, il a professionnalisé son activité de blogueur et propose de nouvelles prestations, toujours basées sur l’écriture d’articles, pour la presse et les professionnels du monde du vin helvétique.
